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26 février 2015

La grosse colère - Le consentement c'est sympa aussi

grosse colère

 

On ne manque jamais d'occasion pour sentir ce si doux frémissement stomacal caractéristique de la grosse colère. Et en ce moment, c'est un peu le palmarès des trous du cul en tout genre. Nul besoin d'être politologue pour détecter le bullshit partitiste à 20km, l'hypocrisie vipérine des nantis, et le conservatisme puant de ce joyeux début de 2015. Mais ce qui m'agite le bulbe aujourd'hui ce sont les gais lurons qui pululent dans les zones commentaires des articles d'actualité, les trousdeballe du 15/18 de JVC se reconvertissant en OP de 4chan/9gag, les gros connards de choualbox (un article leur sera consacré très bientôt), les blogs beauté, les résidus de manif' pour tous qui savent se servir d'un clavier. Bref, plutôt que de taper sur les gros poissons médiatisés, c'est sur les web-tétards que j'ai envie de me défouler.

Si vous ne vivez pas dans une caverne, vous avez sûrement eu vent de la polémique agitant la très sacro-sainte élite des carabins du côté de Lyon (ici). En résumé, dans ce CHU, les étudiants sont invités à s'exercer au toucher vaginal (et rectal) sur des patient-e-s endormies, bien sûr sans leur demander si ça les dérange. Et depuis, fleurissent un peu partout des confessions d'internes/externes qui racontent que, oui, parfois, ils l'ont fait, et que oui, aussi, ils ont une conscience. Ce qui est intéressant là-dedans, outre le questionnement nécessaire du rapport soignant/soigné - et étudiant/médecin - qui frise le n'importe nawak dans notre système français, ce sont les commentaires. Je passe très vite sur les pauvres étudiants/médecins accomplis qui hurlent qu'on les diabolise et tout le pataquès, parce que défendre son clocher sans remettre en cause ses propres pratiques, ses propres approches de la médecine et se raconter de jolies histoires dans sa tête, ne vaut pas la peine que j'en parle maintenant. Prétérition quand tu nous tiens... Non, ce qui m'intéresse c'est l'avis du quidam moyen, qui beugle qu'on n'a rien compris, qu'il n'y a rien de sexuel là-dedans, et qu'il faut bien que l'apprentissage passe par le farfouillage de minou. 

A ces personnes, qui auraient mieux fait de réfléchir trentes secondes avant de cliquer sur "publier", j'ai juste envie de leur répondre : mais qui te parle de sexualité filsdechien ? Si le mot "viol" a été employé, c'est pour une question de consentement. Alors oui, juridiquement, le viol n'a pas de caractère sexuel, mais socialement il est connoté dans ce sens. Là les gars on a affaire à une lacune herméneutique (piou piou épistémo power), ce qui veut dire qu'on a pas encore inventer de concept pour cet acte. Cette affaire de TV/TR sauvages, c'est un peu le même délire que la gynéco que tu vas voir pour qu'elle te prescrive un contraceptif et qui te colle les quatre fers en l'air pour un frotti. Lecteur masculin, imagine que tu vas voir ton généraliste pour une toux sèche et qu'il te baisse ton caleçon pour tâter tes testiboules. Tu le sens le malaise ? 

Bref, outre le côté ultra glauque d'imaginer que trois étudiants mettent leurs jolies mimines gantées à la suite dans ta schnek/dans ton cul quand t'es sur le billard sans te prévenir au préalable, c'est vraiment nécessaire ? Avoir quelqu'un de réveillé qui peut te dire "Bordel de merde enculé tu me fais mal" c'est pas plus formateur ? Parce que sinon, tu peux aller traîner du côté de la morgue ou intercepter les AS/IDE/brancardier qui s'occupent des malheureux décédés, ça revient au même. C'est bien beau de savoir déceler une tumeur, tâter dla dilatation sous péri ou autre, mais le faire sans que ton patient morde l'oreiller c'est mieux. "Faut souffrir pour être en bonne santé" semble être une maxime bien assimilée par certains professionnels de la santé, tant et si bien que toi, pauvre petit inculte de la médecine, t'oses pas moufter quand tu morfles, ou quand, non, vraiment, t'es pas d'accord. Dans les commentaires, ça hurle aussi en accusant les patient-e-s de pudibonderie, d'une pudeur mal placée, et ça c'est inacceptable. Ceux n'ayant jamais vécu en tant que patient une hospitalisation longue et lourde ne peuvent pas comprendre l'importance de conserver sa dignité, qu'elle soit physique ou mentale. Ils ne saisissent pas l'ampleur de la solitude du patient, son désarroi, sa peur aussi. Sa seule alternative c'est de faire confiance aveuglément au corps médical. Comment peut-on alors trouver ça "normal" de trahir cette confiance ? L'apprentissage ne sera jamais une excuse.

Pour conclure, et n'en déplaise à ces médecins, la science ne peut se passer d'une minimum de morale, surtout si son objet est le corps humain. Mépriser son patient - car c'est bel et bien de mépris dont il s'agit, je vous invite à consulter le site e-carabin pour en avoir un aperçu - n'est pas la clef pour s'endurcir, pour être performant, pour être un bon soignant. Concevoir la médecine comme une technocratie est un biais trop important pour qu'on ferme les yeux, et en parler c'est lutter contre de possibles dérives. Non, je n'atteindrai pas le point Godwin, mais j'en suis pas loin. Alors, s'il-vous-plaît, apprentis médecins, n'oubliez jamais de demander - communiquer bordeldemerde - à votre patient son autorisation avant de vous exercer sur lui. Il a déjà confiance en vous de toute façon, il vous dira sans doute oui, et avec le sourire. Merci d'avance.

Lisez ceci, c'est fort intéressant.

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