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22 mai 2015

La prépa + l'apprentissage de l'urgence

socio_temp

C'est le destin qui m'a soufflé la thématique de cet article (et aussi parce qu'à la base je voulais vous apprendre à faire du dentrifice, mais qu'en fait j'ai raté et que mon dentifrice a un goût absolument dégueu) ; je suis passée de blogs en blogs tel un petit singe sur des lianes, pour finalement attérir sur un vieux blog retraçant le périple d'une hypokhâgneuse. Et puis en parallèle je suis en train de bouquiner le trèèèèès bon livre de Muriel Darmon Les classes préparatoires (voui, c'est de la socio, il est grave bien, faitespasiech) (et en plus Darmon c'est mon idole) (j'ai plein d'idoles).

Je trempe pas dans l'illusion biographique moi, je suis pas comme ça, alors pas trop de racontage de life sur mon expérience. On va se consacrer sur cette super étude plutôt. Y a quelque chose d'ultra intéressant que j'ai bien assimilé dans le travail de Darmon, c'est le rapport au temps, et son apprentissage en classes prépa. Bon, oké, elle a bossé sur des prépas scientifiques, mais une bonne partie du contenu est transposable aux prépa littéraires (khâgne/hypokhâgne). L'idée (je te la résume) c'est que plus que de l'assimilation de savoirs, la prépa sert surtout à inculquer la gestion du temps et le travail dans l'urgence. Un peu comme en première année de médecine, où les étudiants sont plein de bonne volonté au début et essayent de TOUT apprendre, de TOUT bosser et de TOUT approfondir, pour finalement ne potasser que ce qu'ils pensent qui tombera aux partiels (et en fonction des attentes des profs). Le postulat - pour les classes prépa scientifiques, je parle toujours des travaux de Darmon - c'est que pour être préparer aux attentes du monde du travail (dans les hautes sphères j'entends), il faut savoir faire les choses vite et bien. Le critère de célérité, à comprendre, à traiter une donnée, à résoudre un problème est presque plus important que la qualité de la méthode choisie et du résultat obtenu.

Ce qui apparaît, sans surprise, c'est que les étudiants issus de milieux favorisés (= financièrement certes, mais avant tout des milieux possédant un capital culturel élevé) ont une gestion de l'urgence beaucoup plus efficace que leurs homologues venant de classes sociales moins dotées. Je vais pas revenir sur les raisons de cette inégalité, elles sont nombreuses, et remontent bien souvent à la socialisation primaire et à l'organisation de l'emploi du temps de l'enfant par les parents. Ainsi, les très bons étudiants (en classe étoile) se distinguent par une domination du temps, ils ne se laissent pas déborder par la masse de travail à rendre, ils travaillent très vite (en tout cas, plus vite que les autres), et mènent une vie en parallèle à la prépa.

drwho

Des Maîtres du temps. Des vrais.

Elle aborde aussi, toujours en relation avec le temps, la pression continue de ces classes, et des différentes stratégies mises en place par les étudiants pour la gérer. Et ça, ça a fait écho dans mon petit coeur, parce que la pression c'est un truc que j'ai expérimenté à 200% durant ma prépa. Autant j'ai pas trop eu de soucis à me faire aux notes (t'apprends la modestie à coup de grandes tatanes dans ta face), ni à la masse de travail que la plupart du temps je torchais à H-5, autant la pression j'ai eu des difficultés. Comme je suis une putain de cocotte-minute, je ne craque jamais, je vais bien, j'aime la vie, la positive attitude, et là PAF ça explose sans prévenir et je me retrouve en larmes parce que mon thé est froid (true story bro). Rétrospectivement je me suis rendue compte que durant la deuxième année, j'ai eu tendance à me désolidariser complètement des enjeux de la prépa - ce qui a rendu mon année très confortable - en affichant un jemenfoutisme en béton. Après la lecture du bouquin, je me suis rendue compte que je n'avais pas un rapport au temps de dominant, et que le fait que je ne me sois jamais fondamentalement sentie débordée ne tenait pas à ma capacité incroyable à travailler dans l'urgence (ce dont j'étais intimement persuadée), mais plutôt à un manque d'ambition dans cette voie (en deuxième année, en première année j'étais motivée et intéressée), et par conséquent à un abandon progressif du rythme et des normes de la prépa.

Je me suis finalement demandée ce que m'avait apporté la prépa, puisque je n'ai pas continué mes études en lettres (mais je les aime d'amour hein, c'est juste qu'analyser des textes ça me fait de la peine, comme si je disséquais un pote). Si je résume le propos de M. Darmon, la prépa (scientifique et éco) apporte certes un apprentissage temporel comme nous l'avons vu, mais également des connaissances. On taxe souvent la prépa de faire du "bourrage de crâne" et de créer des "bêtes de concours". Darmon prouve via observations et entretiens, que la réalité est tout autre. Derrière le discours compétitif (puisque les prépa préparent à des concours) "faire comme cela le jour du concours" "ça l'examinateur s'en fout" "vous devez savoir ceci ou cela pour le concours", se cache un apprentissage de la matière (Math/Physique/Lettres) en elle-même, comme une entité plus grande et qui transcende complètement les "banalités" des modalités du concours. Je vais pas conclure par une récapitulatif de ce que j'ai appris/incorporé durant mes années prépa, et je vois que tu es très déçu petit lecteur. Je vais juste te dire de lire ce bouquin, et même tous les bouquins de Darmon, parce qu'ils sont intelligents, fins, supertropcools, et qu'on apprend plein de trucs. Voilà.

 

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